Louer un logement non conforme : quels risques pour les bailleurs ?
Publié le jeudi 4 décembre 2025 | Mal logement & LHI , Procédures & législation , Propriétaire
Un bailleur louant un logement non décent en France s'expose à un cumul de sanctions civiles et pénales potentiellement très lourdes, dont le maximum peut aller jusqu'à de la prison ferme et des amendes considérables, notamment dans les cas les plus graves et qualifiés de "marchand de sommeil" (habitat indigne).
Conséquences civiles et judiciaires
Les sanctions de nature civile visent à protéger le locataire et à rétablir la décence du logement.
Injonction de travaux et sanction sur le loyer
Le juge des contentieux de la protection peut :
- Ordonner la réalisation des travaux de mise en conformité sous astreinte.
- Réduire le montant du loyer ou en suspendre le paiement (avec ou sans consignation) jusqu'à l'exécution des travaux.
Le loyer cesse même d'être dû à compter du premier jour du mois suivant la notification d'un arrêté d'insalubrité ou de péril. - Suspendre la durée du bail jusqu'à la réalisation des travaux.
- Résilier le bail aux torts du bailleur.
Dommages et intérêts
Le bailleur peut être condamné à verser des dommages et intérêts au locataire en réparation du préjudice de jouissance subi.
Aide au Logement (AL)
En cas de constat de non décence (par la CAF ou MSA), l'aide au logement peut être conservée (consignée) par l'organisme payeur (CAF ou MSA) pendant 18 mois (renouvelable 6 mois) au lieu d'être versée au bailleur.
Elle ne sera versée au bailleur qu'après la réalisation des travaux et sur présentation du certificat de décence.
Sanctions Administratives (RSD/RSHS et procédures d'insalubrité)
Ces sanctions sont prononcées par le maire ou le préfet au titre de leurs pouvoirs de police.
Astreinte financière
En cas de non-exécution des travaux prescrits par un arrêté (insalubrité, péril, ou mise en demeure dans le cadre du RSD/RSHS), le préfet ou le maire peut imposer une astreinte financière par jour de retard (généralement applicable dès la fin du délai d'exécution des travaux).
Exécution des travaux d'office
L'administration peut décider de faire exécuter les travaux de mise en conformité d'office, aux frais et risques du bailleur, qui devra rembourser l'intégralité des coûts engagés par la collectivité.
Interdiction d'habiter / d'exploiter
Un arrêté d'interdiction d'habiter (temporaire ou définitive) peut être pris, entraînant l'obligation de reloger le locataire. Les locaux faisant l'objet d'une interdiction d'habiter ne peuvent plus être loués.
Amendes administratives / contraventionnelles (RSD / RSHS)
La violation des dispositions du RSD / RSHS ou des règles sanitaires est une contravention dont le montant maximal est de 450€ par infraction (contravention de 3e classe) ou de 750€ (contravention de 4e classe, selon les autorités compétentes et les réglementations locales).
Peines complémentaires
Le juge pénal peut également prononcer des peines complémentaires très impactantes :
- Confiscation de l'immeuble ayant servi à commettre l'infraction.
- Interdiction d'acheter, de louer ou de gérer des biens immobiliers, y compris à titre professionnel, pour une durée maximale de 10 ans.
- Interdiction d'exercer une activité professionnelle ou sociale en lien avec l'infraction.
- Publication de la décision de justice (affichage, presse).
En résumé
Si un logement non décent ou non conforme aux règles d'hygiène/salubrité (RSD/RSHS) peut initialement engendrer des sanctions civiles (réduction de loyer, travaux forcés) et des amendes administratives (450€ à 750€ par infraction), les cas les plus graves (insalubrité ou péril non résolus, usage abusif et délibéré) peuvent rapidement basculer vers des sanctions pénales lourdes (prison ferme et amendes à 6 chiffres) au titre de la législation sur l'habitat indigne et les marchands de sommeil.
| Procédure | Non conformité constatée | Base légale | Risques encourus |
|---|---|---|---|
Non-décence simple (Civil) |
Équipements non conformes (chauffage insuffisant, petite fuite d'eau, absence de garde-corps), surface légèrement inférieure à 9m² ou 20m³ (hors RSHS/RSD). |
Loi du 6 juillet 1989, Décret n° 2002-120 |
Suspension/Réduction Loyer, Dommages & Intérêts (selon préjudice), Injonction de travaux sous astreinte. |
Règlement Sanitaire Départemental (RSD/RSHS) - Administratif / Pénal léger |
Problèmes d'hygiène (stockage de déchets, humidité excessive non dangereuse), non-respect des règles d'entretien général. |
Code de la Santé Publique (L. 1311-1), RSD/RSHS local. |
Mise en demeure de travaux. Astreinte administrative par jour de retard. Amende contraventionnelle (jusqu'à 450 € ou 750 € selon les cas). |
Insalubrité / Péril (Administratif lourd) |
Risques pour la santé (amiante, plomb, moisissures graves, rats) ou la sécurité (risque d'effondrement, installations électriques/gaz très dangereuses). |
Code de la Construction et de l'Habitation (CCH), Code de la Santé Publique. |
Arrêté d'interdiction d'habiter. Relogement à la charge du bailleur (ou remboursement des frais de relogement par la collectivité). Exécution des travaux d'office aux frais du bailleur. |
Marchand de sommeil (Pénal lourd) |
Louer sciemment un logement indigne (insalubre/péril) et refuser d'exécuter les injonctions, surtout à l'égard de personnes vulnérables. |
Art. L. 521-1 et L. 521-2-1 du CCH. |
3 ans d'emprisonnement et 100 000 € d'amende (cas standard). Jusqu'à 10 ans de prison et 500 000 € d'amende (circonstances aggravantes). Confiscation des biens immobiliers. Interdiction d'acheter/gérer (10 ans). |
Écrit par :
Signal Logement
Equipe – Signal Logement